BIO

ENTRE-TEMPS

Ma mère s’occupe des malades et des grabataires à l’hôpital, la nuit. Mon père invente des jouets le jour et fabrique des synthétiseurs. Je nais un soir, à Flers en Normandie.

Enfant, j’écume les pharmacies pour trouver du alun de potassium et du sulfate de cuivre. Je fabrique, dans la cuisine et dans un cellier, des cristaux selon des principes chimiques simples. Pour Noël, on m’offre  un microscope. J’observe tout ce que je ramène tout ce qui est plus ou moins organique, étrange, tout ce que l’oeil ne sait voir sans loupe, sans appareil.

Adolescent, je collectionne les VHS et organise pour des copains et ma sœur, dans le salon du pavillon familial, des projections. J’écume le seul vidéoclub de la ville. Je ne parle que de cinéma et les images deviennent très naturellement le centre et le sens de ma vie à ce moment-là.

Je mets un terme à mon cursus scolaire après le collège pour cause d’ennui redoutable, programme inapproprié, orientation hasardeuse, ambiance angoissante.

À 17 ans je participe à un premier tournage, celui d’un court-métrage fantastique dans les Vosges, avec une bande de fondus de cinéma, enthousiastes, autodidactes, tous abonnés à Mad Movies, l’Ecran Fantastique et Starfix.

J’intègre ensuite la troupe d’un spectacle Son & Lumière sur la vie de Guillaume Le Conquérant, à Falaise, comme responsable des effets pyrotechniques et travaille la même année comme sérigraphe & graveur dans un atelier de la ville de Caen.

Avec une joie très contenue je suis incorporé dans une École de Défense NBC (Nucléaire Biologique et Chimique) de l’Armée de Terre. Après quelques manœuvres de « guerre » et des joggings aux aurores avec des masques à gaz, on m’affecte dans la cellule audiovisuelle de l’EDNBC où je monte des films de formations préventives aux attaques chimiques (Guerre du Golf) et tire le portrait des nouveaux incorporés.

Je rejoins ensuite l’équipe d’enseignants du lycée Louis Liard comme responsable audiovisuel et remplace ponctuellement le projectionniste du cinéma L’Entracte.

J’enchaine les occupations professionnelles diverses et variées, notamment dans les hôpitaux. Pendant cinq ans, je travaille régulièrement comme aide-soignant aux urgences et dans différents services de soins intensifs. Cela me permet de financer mes études, passer d’un monde à l’autre : de la gériatrie et des urgences aux arts-plastiques. Pendant ces années aux Beaux-arts j’expérimente. Toujours alchimiste, je trouve une place pour apprendre et comprendre d’autres langages et usages : peinture, land-art, graphisme, gravure, photo, courts-métrages. Dès cette période la pratique quasi quotidienne du « journal intime », écrit, photographique, dessiné, devient pour moi, nécessaire.

En arrivant à Paris mon livre « 13 jours à blanc », est publié aux Éditions Le Pli ; un roman sur mon expérience du milieu hospitalier et la solitude des résidents. Ce livre est suivi du court métrage  « Un sang d’encre », très librement adapté de « Mars », de Fritz Zorn. Une  vingtaine d’autres films-courts et quelques clips auto-produits suivrons.

Il y a quelques années j’ai co-réalisé avec Emmanuel Mauro le documentaire « Rapanui, l’histoire cachée de l’île de Pâques », co-produit par France Télévision & Drôle de Trame et diffusé en janvier 2015.

Entre temps : nous avons glissé de l’analogique au numérique en prenant vaguement conscience d’une transition bouleversante entre le monde des images, des machines et son interaction profonde avec la vie organique, sociale, politique, économique.

Entre-temps : Je continue à faire beaucoup de films et écrire. Des films industriels, institutionnels, des portraits, des entretiens. Je fais passer des messages. Ceux des, corporations, associations, sociétés, industries, de groupes très différents, ceux de « mondes »  hétéroclites. Je navigue d’univers intimes, plus personnels, à d’autres, plus impersonnels, avec le même soucis de l’observation, la même volonté de comprendre, le même plaisir ludique de l’alchimiste nomade à s’adapter, capter, sentir, s’imprégner.

Entre-temps : le Covid-19 est arrivé, mais ça, c’est une autre histoire…

PHOTOGRAME

Pendant le printemps 2020 je continue à faire des images. À l’extérieur, à l’intérieur.

Ces images et mon travail peuvent être perçus de différentes manières. Hasard, pulsions. Cette captation, ce besoin de cristalliser de la matière est nourrit par le cinéma ou plutôt le désir de considérer que chaque image est extraite d’un film fantasmé qui se construit par petit morceaux, bloc, séries, triptyques. L’instant de la captation se suffit à lui-même mais c’est surtout la transformation et l’agencement d’une image en « laboratoire » qui m’intéresse, cette forme de révélation.

Parfois, aucun thème précis ne va retenir mon attention mais presque tout devient un thème pour un patchwork, des visions racontables ou pas. Cette partie de mon travail est une grande promenade faites de morceaux de narrations, d’impressions variables.

L’autre partie de mon travail photos peut se focaliser sur une personnalité, un visage, sur mes proches, ou des agencements sur le mouvement des corps, la danse, ou une certaine idée du « fantastique » dans les faux-semblants de l’ordinaire.

Au fil du temps, les ombres, les lumières, les matières, les humeurs sombres, drôles, surréalistes, abstraites, spectaculaires ou discrètes d’un/des mondes que j’attrape par lambeaux m’apparaissent surnaturelles, décalées, folles et infinies…

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